
Le sacré joueur ! Pour la deuxième fois après le coup d’éclat en hommage à Rainer W. Fassbinder en 2020, Wikinabia consacre un espace éphémère à Dostoïevski. C’est aujourd’hui, 30 octobre 2021, le bicentenaire (calendrier orthodoxe) du génial écrivain russe. Pour l’encyclopédie en ligne consacrée à Marc-Édouard Nabe, il était hors de question de laisser passer cette occasion de célébrer Fiodor et son œuvre qui ont tant marqué celle de l’auteur des Porcs (2017, série en cours) et de Kamikaze (2000).
Accéder à l’espace éphémère avant minuit
C’est encore aux artistes de faire le boulot (et aux docteurs, merci Dr. Marty, clinicien acharné de Wikinabia!). Alors bon, on pourra toujours prétendre que l’ensemble des dostoïevskiens de France et d’ailleurs, la presse et autres « notuliers du papier Bible » attendent le 11 novembre (calendrier grégorien) pour crier leur amour éternel à l’auteur de L’Idiot (1887). Possible et peu probable.
Si seulement les thuriféraires à la petite semaine d’Actes Sud (éditeur de la dernière traduction de l’œuvre de Dostoïevski) et consorts nous réservaient un hommage stratosphérique s’étalant sur 200 jours, jusqu’au 18 mai prochain – anniversaire de la parution chez Gallimard des Souvenirs de la maison des morts (1936, traduction conjointe d’Henri Mongault)… On peut rêver. Mais non, enfin! Toute l’intelligentsia française – et pas seulement – vit dans un camp de concentration mental. Pas d’action, OK. Une réaction? Un brin d’enthousiasme? Pas un soupir depuis l’hommage mis en ligne par Wikinabia ce matin. Auto-déportation! Que comptent-ils donc ramener de leur maison d’édition des morts sinon quelques postillons mémoriels, quelques gouttelettes de coït commercial?



Et les Twittos ? La tête dans leurs carnets du sous-sol de la vitalité ! Tous ces poseurs-phraseurs, ces pimbêches crypto-poétiques du week-end, avec leurs citations à la pelle et leurs photos en noir et blanc, ces gens qui, paraît-il, s’endorment avec des livres et se réveillent avec des tableaux (essayez l’inverse!)… En attendant, Nabe régale, putain vous êtes où les verm… amis? Dans cet espace spécial Dosto (plus que quelques heures…), on trouve le texte de la préface de Nabe au bouquin de John Cowper Powys (2001, éditions Bartillat), un texte signé dans L’Idiot (1989), un chapitre des Porcs 2 (où plusieurs nabiens se régalent à relever des équivalences entre des membres de la Dieudosphère et les personnages des Possédés), des portraits de Dostoïevski peints par Nabe et à peine secs, un pèlerinage à Vevey en terres dostoïevskiennes…
Ça y est, les pique-assiettes ? On se renvoie des petits-fours ou on passe au plat de résistance? Au nom des humiliés et des offensés de l’Art, la résistance, le maquis littéraire, ce n’est pas au fond d’une planque qu’ile se déploient, mais bien au grand jour de la lumière automnale. Pour l’occasion, Marc-Édouard Nabe a publié le plan du Double (1846), autrement dit sa lecture d’écrivain du roman de Dostoïevski, avec son commentaire sur les innovations techniques, la narration, l’humour de l’auteur… Phénoménal! Imaginez une seconde ce que la vie et la lecture seraient si les plus grands écrivains se lisaient comme cela à haute voix, si on peut dire, les uns les autres! Par exemple, comment lire Ezra Pound? En lisant Nabe, bien sûr.
Après l’entretien-fleuve avec Vie Sublime consacré aux manuscrits retrouvés de Louis-Ferdinand Céline (Nabes’ News, 11 septembre 2021), Marc-Édouard Nabe remet quelques couches de sublime sur la Toile et des louches de confiture de génie à portée de clics. On aurait tort de ne pas s’en mettre partout.
Trafalgar
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